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2024.09.01

Connexion et expression intérieure | 10 questions à Masamiya Hikaru | ISSUE #2

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Photo de couverture par hikaru masamiya

Plongez dans la sensibilité et la pensée des créateurs du monde entier avec 'ISSUE'. Une source d'inspiration nouvelle.
Dans 'ISSUE #2', nous avons posé 10 questions à Masamiya Hikaru, un directeur artistique basé à Tokyo, pour explorer ses racines diverses, sa vision unique et ses méthodes d'expression.

Q1. À propos de vous

Ma mère est chinoise, mon père est australien, et je suis né et j'ai grandi à Tokyo en tant que Japonais (rires). Actuellement, je suis directeur artistique et designer à Tokyo, et je dirige une marque appelée 'aesthesia'.

Depuis tout petit, j'aimais dessiner, et il paraît que j'étais connu pour dessiner partout (rires). Après le lycée, j'ai voyagé autour du monde en tant que routard. Cette expérience a influencé mon travail actuel.

Le déclic pour ce voyage autour du monde est venu lors d'un examen de mi-semestre au lycée.

Pendant le test, en regardant mes camarades de classe depuis le fond de la salle, j'ai réalisé que nous étions tous habillés de la même manière, en train de résoudre le même test. Cette uniformité m'a fait réfléchir à la perte d'individualité dans un système trop rigide.

Je me suis dit que ce serait plus intéressant si chacun pouvait répondre à sa manière (rires).

Cette expérience m'a poussé à vouloir découvrir des valeurs, des cultures et des mondes inconnus, au-delà du Japon, même sans parler anglais. J'ai décidé de partir à l'aventure.
Grâce à cela, j'ai appris que les valeurs changent radicalement selon le lieu, la culture et l'environnement, mais que l'essence reste la même partout dans le monde.

Durant mon tour du monde, j'ai travaillé comme journaliste de mode, prenant des clichés de mode de rue et infiltrant les Fashion Weeks à l'étranger, même en tant que photographe amateur (rires).

C'est à cette époque que j'ai commencé à m'intéresser aux expositions de mode, d'art et de photographie.

En termes de photographie, l'exposition 'So Far So Goude' de Jean-Paul Goude à Milan, en Italie, m'a profondément marqué à l'âge de 20 ans. Je me suis demandé d'où venait une telle créativité.

C'est une expérience mémorable dans le domaine de la photographie.

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Époque de journaliste de mode
image par hikaru masamiya

Q2. Premier souvenir de photographie

Je n'ai pas de souvenir précis de ma première photo. Je pense que j'ai commencé à photographier avant même d'en avoir conscience.

Ma mère portait toujours un appareil photo, donc il est probable qu'elle m'ait donné un appareil avant que cela ne devienne un souvenir.

Mais enfant, j'aimais surtout dessiner.

Pour moi, la photographie est une technique, peut-être avec une approche d'ingénieur. C'est mécanique, en quelque sorte.

De manière abstraite, je dirais que la photographie capture l'extérieur, tandis que le dessin exprime l'intérieur.

Quand je regarde à travers le viseur, ce n'est pas pour découper le paysage extérieur, mais pour exprimer une vision comme si je regardais un tableau.

J'ai toujours réfléchi à comment une photo pouvait se sublimer en dessin.

Q3. Préférences en matière d'équipement

À moins de créer une œuvre élaborée, je ne suis pas très attaché à l'équipement.

Je filme parfois des vidéos pour le travail, mais je transforme souvent des cadres vidéo en photos.

J'aime la texture unique du cinéma, et je pense que capturer une séquence vidéo en photo donne une ambiance plus fluide. Peut-être que c'est ma particularité (rires). Après tout, ce sont tous deux des cadres.

Pour les caméras vidéo, j'utilise principalement la 'Pocket Cinema Camera' de Blackmagic, un fabricant australien.

Pour les photos du quotidien, j'aime les appareils photo instantanés 35mm. Je fais attention à la texture, mais pas vraiment à la marque.

Pour moi, un appareil photo quotidien doit être naturel et pratique, facile à sortir de la poche pour capturer l'instant.
Je pense que mon intérêt pour les instantanés 35mm a été influencé par Hiroyuki Koshikawa, un photographe rencontré en Ukraine lors de mon tour du monde.

J'avais aussi un 'MINOLTA Riva ZOOM' 35mm trouvé dans une boutique d'antiquités pendant mon voyage, mais il s'est cassé après mon retour. Maintenant, j'utilise un 'Canon autoboy 3' comme deuxième appareil.

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Une photo de mon tour du monde
image par hikaru masamiya

Q4. Musique récemment écoutée

J'aime Londrelle, qui est aussi poète, depuis avant qu'il ne devienne célèbre, et je l'écoute souvent récemment.
Ce que j'apprécie chez lui, c'est que ses paroles et le fond de ses chansons n'ont pas changé depuis cinq ans. Cela montre pourquoi les bonnes choses ne se démodent pas.

Je réécoute aussi l'album 'Sunday Service' produit par Kanye West, et j'écoute Tchaïkovski, Mozart, et les morceaux de AOKI TAKAMASA pendant le travail.

La musique classique aide à la concentration, je recommande d'essayer (rires).

Q5. Créateurs qui vous ont inspiré

Quand je crée, je suis tellement absorbé que je ne pense pas à imiter quelqu'un. Les nombreuses expériences passées qui m'ont inspiré se manifestent dans le moment présent.

C'est une règle personnelle pour reproduire fidèlement le désir d'exprimer l'intérieur.

Je m'inspire souvent de l'histoire plutôt que d'une personne en particulier.

Par exemple, quand je veux photographier un portrait comme ceux accrochés dans les salles de musique, je remonte l'histoire des portraits.

En cherchant qui a popularisé les portraits photographiques, j'ai découvert que Nadar, un photographe français des années 1850, a été un pionnier.

Nadar photographiait des célébrités et artistes de l'époque dans son atelier à Paris. Ce qui est intéressant, c'est que Monet et Cézanne, célèbres peintres impressionnistes, ont organisé leur première exposition dans cet atelier, marquant le début de l'impressionnisme.

De plus, bien avant que les drones ne deviennent courants pour la photographie aérienne, Nadar a été le premier à prendre des photos aériennes depuis un ballon. C'est fascinant que le pionnier des portraits et de la photographie aérienne soit la même personne.

Explorer l'histoire est toujours enrichissant.

Quand j'étais à Paris, j'ai visité l'adresse de l'atelier de Nadar, mais malheureusement, il n'en reste rien (rires).

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Portrait photographié
image par hikaru masamiya

Q6. Caméra que vous aimeriez essayer

J'aimerais essayer le 'Kyocera TD', un appareil photo argentique 35mm.
Il est équipé d'un objectif 'Carl Zeiss Tessar T*', offrant une belle texture, et j'aime simplement son apparence.

Bien que ce soit un luxe, le 'LEICA minilux' m'intéresse depuis longtemps.
Il augmente de valeur chaque année, ce qui montre à quel point il est apprécié et rare.

Q7. Situation de prise de vue préférée

Pour les portraits, j'aime capturer le moment où je me connecte avec l'âme de la personne.

Quand je ressens une connexion intuitive, c'est-à-dire quand le sujet est dans son état naturel. Montrant son vrai soi, et que je suis naturellement attiré et immergé dans ce moment.

C'est difficile à exprimer avec des mots (rires).

Pour les paysages, j'aime photographier des bâtiments à l'étranger. Capturer des structures qui ont existé longtemps, bien plus que ma propre vie, me fait sentir comme une partie de leur histoire.

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image par hikaru masamiya

Q8. Ce que vous trouvez pas cool

Faire des compromis sur ce que je trouve 'pas cool', que ce soit pour moi ou pour les autres.

C'est dans ces moments que l'on voit la personnalité artistique ou humaine.

Q9. Où achetez-vous vos vêtements

J'ai beaucoup de designers dans mon entourage, donc je reçois souvent des vêtements en cadeau ou en échange (rires).

Parfois, nous échangeons nos créations. Étant des amis, ils adaptent souvent le design à mes goûts. Ils aiment créer, donc ils sont heureux d'écouter, et cela peut même inspirer de nouvelles collections.

Je ne suis pas très doué pour choisir parmi les vêtements d'une boutique prédéfinie.

Q10. À propos de vos réglages préférés

Je suis quelqu'un qui photographie par instinct, donc mes réglages dépendent beaucoup de la situation. Bien sûr, la météo et l'environnement comptent, mais aussi comment je perçois le monde ce jour-là.

Pour la mise au point, je préfère le manuel.

Pour finir, une petite anecdote amusante (rires).

Lors de mon tour du monde, j'avais un reflex Nikon, mais la vie de routard est rude, et entre les chocs et le sable, l'autofocus a cessé de fonctionner.

Je n'avais pas les moyens d'acheter un nouvel objectif, donc j'ai dû m'habituer à la mise au point manuelle.

Au début, c'était difficile de capturer les moments spontanés, mais après un an et demi, c'est devenu naturel. J'ai découvert que le bouton était juste durci, et l'appareil n'était pas cassé (rires).

Mais j'ai appris à apprécier la liberté du manuel, et je pense que c'est une chance.

Pour ceux qui se concentrent sur la création, je pense que l'essence de l'art réside dans ces petits détails. Dieu est dans les détails, comme on dit (rires).

Une photo préférée prise avec un iPhone

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image par hikaru masamiya

INFORMATION

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MasamiyaHikaru

Masamiya Hikaru, né à Tokyo en 1994. Avec des racines en Australie, au Japon et en Chine, il se concentre sur l'essence invisible, travaillant de manière créative comme directeur artistique, dans la vidéo, le design, la production, et parfois comme modèle.


cizucu : hikaru masamiya
Instagram (personnel) : @masamiyahikaru
Instagram (aesthesia) : @aesthesia.jewelry